Quand le commandant Corso est chargé d’enquêter sur une série de meurtres de strip-teaseuses, il pense avoir affaire à une traque criminelle classique. Il a tort : c’est d’un duel qu’il s’agit. Un combat à mort avec son principal suspect, Philippe Sobieski, peintre, débauché, assassin. Mais ce duel est bien plus encore : une plongée dans les méandres du porno, du bondage et de la perversité sous toutes ses formes. Un vertige noir dans lequel Corso se perdra lui-même, apprenant à ses dépens qu’un assassin peut en cacher un autre, et que la réalité d’un flic peut totalement basculer, surtout quand il s’agit de la jouissance par le Mal.
L’auteur suit un schéma narratif maitrisé par un phrasé à couper au scalpel. Nous parlons d’un Maitre du genre, bien évidemment, mais JCG ne cesse d’impressionner ses lecteurs. Il manipule, oriente, manœuvre, pilote et triture votre esprit avec cette insolence déconcertante qui vous cloue les méninges. Vous êtes envoutés par une genèse des plus tordue et vous aimez cette dépendance qu’il vous impose sans que vous ne puissiez réagir à cet asservissement. Telle une toile d’araignée, le diabolique et la stylistique sont tissés avec une éloquence du dramatique à faire pâlir les meilleurs scénaristes du genre. La trame prend toute sa superbe par un tragique qui engendre indéniablement une addiction. Les ressentis foisonnent par dizaine dans votre esprit.
L’atmosphère y est pesante. Les émotions s’imposent entre atrocités et inhumanité, mais aussi, par des personnages aux charismes énigmatiques qui vous sembleront pour certains, de vraies pourritures et pour d’autres vous ressentirez un attachement mitigé. Votre empathie en sera perturbée. Le génialissime de JCG est qu’il parvient en 600 pages à vous hérisser le poil et vous embarquer dans les abysses du mal le plus pernicieux.
Un thriller noir digne des meilleurs du genre et le topissime des Grangé pour moi. Je présume qu’il va certainement atterrir sur grand écran et cela sera mérité (en espérant un réalisateur digne de ce nom). Je précise que ce thriller n’est pas à mettre entre toutes les mains. Un public averti est souhaité. En dire plus, non, foncez sans vous poser de question, c’est du très très grand Grangé.